Un personnage fort, c’est le pouls de tout roman. Dans les histoires érotiques, surtout dans le sous-genre ENF, ce pouls bat encore plus vite. Les lecteurs et lectrices ne veulent pas seulement ressentir du désir, ils veulent aussi sentir qu’une vraie vie se cache sous la peau du personnage. Quatre caractéristiques essentielles rendent un personnage crédible, tangible et captivant : un objectif dramatique, un point de vue clair, une évolution et une attitude particulière envers le monde.
L’objectif dramatique : plus que « ne pas être nu »
L’objectif dramatique, c’est ce qu’un personnage veut vraiment, pas seulement en surface, mais au plus profond de lui-même. Une femme qui se retrouve soudainement nue devant une foule ne veut peut-être pas simplement récupérer ses vêtements. Elle veut le contrôle. La dignité. Bannir le regard des autres de son corps. Ou peut-être, au contraire, être enfin vue.
Dans l’ENF (Embarrassed Naked Female), l’objectif du personnage est rarement juste « de ne pas être vu nu ». Il s’agit bien plus souvent d’identité, de pouvoir ou d’échapper à un rôle devenu trop étroit. Quand on comprend l’objectif d’un personnage de cette manière, on tremble à chaque scène, non pas par voyeurisme, mais par empathie.
Le point de vue : un monde intérieur plutôt qu’un simple stimulus
Le point de vue d’un personnage se forme à partir de son histoire. Il détermine comment il réagit à ce qui lui arrive. Une bibliothécaire réservée qui se retrouve accidentellement nue sur scène vit cette situation différemment d’une dominatrice sûre d’elle qui se laisse humilier volontairement pour un projet artistique.
Les deux peuvent se retrouver nues, mais seule la connaissance précise de leur perspective intérieure rend la scène crédible. Ceux qui connaissent leurs pensées – leur honte, leur colère ou même leur excitation secrète – ne vivent pas l’événement de l’extérieur, mais de l’intérieur. C’est seulement ainsi que l’érotisme devient plus qu’une simple succession de stimuli.
Le changement – de la perte de contrôle à la découverte de soi
Le changement, c’est ce qui transforme un moment en histoire. Un personnage qui ne change pas est ennuyeux. Ça vaut aussi bien pour les romans érotiques que pour les romans policiers. Dans le genre ENF, le changement peut être particulièrement profond : une femme qui, au début, veut rester anonyme à tout prix, peut finir par apprécier le regard des autres, non pas parce qu’elle a été « convaincue », mais parce qu’elle s’est redécouverte.
Son évolution n’est pas simplement l’abandon de la honte, mais une sorte d’éveil. Peut-être apprend-elle à affronter sa peur. Peut-être comprend-elle que son corps lui appartient, même lorsque d’autres le voient.
L’attitude – la dignité au moment de l’exposition
C’est finalement l’attitude qui donne sa dignité au personnage, même au moment où il est le plus exposé. Elle peut être rebelle, comme une jeune étudiante qui refuse de baisser les yeux alors que sa robe est déchirée. Ou vulnérable, comme une femme mariée qui se sent soudain seule dans une scène de groupe.
C’est l’attitude qui rend une scène humaine et pas gênante. Elle se voit dans les petits gestes : le léger tremblement des lèvres, la fierté qui ne disparaît pas malgré la nudité, le désir d’affirmer quelque chose qui leur appartient au milieu de l’humiliation. Un personnage qui a une attitude peut tout perdre, mais jamais lui-même.
L’érotisme a besoin de personnages qui respirent, doutent, désirent et grandissent. Surtout dans le roman ENF, où les limites sont délibérément franchies, leur monde intérieur est le véritable théâtre de l’action. Les lecteurs viennent pour le charme, ils restent pour la vérité.